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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/188

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

16 janvier. — La soirée musicale de ce soir chez Mme Le Couteulx me paraît assez terne, quoique les chanteurs soient très bons. De Canteleu me demande avec un sourire sarcastique des nouvelles de l’évêque d’Autun. Je lui dis qu’il n’est nullement désireux d’entrer au ministère en ce moment. Il observe qu’actuellement un ministre ne peut rien ; les choses marchent comme elles veulent. Je lui réponds qu’il a raison pour le présent, mais que les ministres auraient pu donner une direction, il y a quelque temps, et que de deux choses l’une : ou bien tout courra à la ruine, ou bien ils devront diriger la machine à l’avenir ; même maintenant il importe aux individus d’être informés de leurs intentions. Je trouve que M. de Canteleu a toute la présomption d’un parvenu qui pense avoir obtenu par son mérite ce qui, de fait, est le prix de son attachement aux ministres. Je demande à Laurent si l’on ne peut rien tirer des assignats. Il me dit qu’il sera impossible de se faire une opinion à leur égard avant cinq ou six mois quand leur valeur sera un peu connue.


17 janvier. — Je dîne chez La Fayette. Il me demande ce que je pense du choix de Ternant comme ministre en Amérique ; je réponds que je l’approuve, et j’en conclus qu’il voudrait me faire considérer cette opinion comme venant de lui. Très bien. Après le dîner, Gouvernet me dit que Necker va beaucoup mieux, mais qu’il se fait plus malade qu’il ne l’est, pour s’assurer une retraite à laquelle il songe. — Il ajoute qu’un premier ministre est nécessaire. Je lui demande qui doit être aux finances, et si c’est l’évêque d’Autun. Il répond que celui-ci ne fera pas du tout l’affaire, qu’il n’est pas à la hauteur de sa tâche ; que M. Thouret à l’intérieur, et M. de Saint-Priest aux Affaires étrangères feront très bien, mais il n’y a personne d’assez éminent en dehors d’eux. Je demande à Mme de La Fayette qui se joint à nous de nommer quelqu’un ; elle ne le peut pas. Je déclare