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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/240

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

que les municipalités ne soient entièrement dans les mains des Jacobins. C’est une crainte chimérique, d’après moi. Il pense que plusieurs des membres actuels devraient être rééligibles. Ce n’est pas mon avis, car il connaît les caractères et les talents du lot actuel, et pourrait acheter ceux dont la réélection devrait lui être profitable. Il répond qu’ils ne valent pas la peine d’être achetés ; en effet, la plupart accepteraient l’argent, puis agiraient à leur guise ; mais si Mirabeau avait vécu, il aurait accédé au moindre de ses désirs. Il ajoute qu’il faut maintenant travailler les provinces pour obtenir des élections favorables. Je lui demande comment il reconnaîtra les inclinations et les capacités des membres élus. Il avoue que ce sera difficile. Parlant de la cour, il me dit que le roi n’est absolument bon à rien ; et que maintenant, quand il doit travailler avec le roi, il demande toujours que la reine soit présente. Je lui demande s’il est bien avec la reine. Il répond que oui, et que cela remonte à plusieurs mois. J’en suis véritablement content, et je le lui dis.

Je passe une heure avec la duchesse d’Orléans. Elle me fait le récit de quelques nouvelles horreurs à mettre au compte de la Révolution. Elle a été ce matin visiter un évêque malade. Je rentre chez moi et lis la réponse de Paine au livre de Burke ; il y a de bonnes choses dans la réponse comme dans le livre lui-même. Paine vient me voir. Il dit qu’il a rencontré une grande difficulté à décider un libraire à la publication de son ouvrage ; cet ouvrage est extrêmement populaire en Angleterre, et, par suite, l’écrivain l’est aussi, ce qu’il considère comme une des nombreuses et étranges révolutions de notre temps. Il se met à parler d’autrefois, et, comme il me place au nombre de ses anciens ennemis, j’avoue franchement avoir réclamé son renvoi de sa place de secrétaire du Comité des Affaires étrangères.

Mme de Chastellux me dit que la duchesse d’Orléans