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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/247

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

Flahaut, avec qui j’ai une conversation sur la politique. Je dîne avec l’ambassadrice d’Angleterre. Nous sommes en famille. C’est une femme très agréable. Visite à Mme de Nadaillac. Ici, tout est sale. Il a plu. La démission de La Fayette fait beaucoup de bruit. Il est probable qu’il la retirera, et alors ce sera pire que jamais. Au Louvre, Mme de Flahaut est avec un homme de confiance de de Laporte, qui vient lui faire part de l’intention du roi d’employer son mari ; mais elle va refuser par une lettre contenant de très bons conseils à Sa Majesté. Je lui dis de m’en laisser une copie. L’intention du roi est due à une demande de d’Angivillers. Je vais chez M. de Montmorin, et je reste quelque temps en compagnie de Mme de Beaumont et de Mme de Montmorin. Une tempête qui s’élève amène Mme de Montmorin à exprimer certains souhaits peu favorables à ceux qui troublent le repos public. Comme il est question que La Fayette reprenne sa place, elle exprime certaines opinions très justes à son sujet : sa faiblesse a causé beaucoup de mal et empêché beaucoup de bien ; cependant il vaut mieux être faible que méchant, et son successeur serait probablement un de ceux qui recherchent le plus le mal. Après dîner, je parle à Montmorin qui n’a rien fait pour notre affaire. Je lui fais connaître la cause de la coalition projetée entre les Quatre-vingt-neufs et les Jacobins. Il me dit que, s’il avait voulu, il aurait pu depuis longtemps faire passer le décret d’exclusion, mais il avait peur du décret sur les quatre ans, qui est cependant passé. Je lui dis que s’il pouvait maintenant faire passer le premier, ce serait le moyen de diviser les Jacobins et les Quatre-vingt-neufs, et qu’ensuite ils seront tous les deux plus maniables. Je lui donne encore mon avis, savoir que le roi doit chercher à s’attirer la populace. Il partage mes vues.


23 avril. — En allant au Louvre, une de mes roues