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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/256

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

affaires d’argent ; il est fatigué de son état, et, s’il pouvait réaliser sa fortune, il irait en Amérique. Il ajoute que rien ne pourrait le retenir à la cour, si ce n’était son désir de servir, ou plutôt de sauver le roi et la reine ; il leur a déjà fait faire de grosses dépenses pour une chose qui n’a pas réussi. Je lui dis que la tentative d’acheter les membres de l’Assemblée a été une mauvaise mesure. Il répond que ce n’est pas pour cela qu’il a engagé les dépenses. On l’appelle avant que nous ne puissions continuer. Je vais chez l’ambassadeur d’Angleterre ; à mon entrée, lady Sutherland s’excuse de ne pas m’avoir admis, quand je me suis présenté l’autre après-midi. Elle dit qu’il y a tant de Français qui l’importunent, qu’elle est obligée de condamner sa porte, mais je puis compter que cela n’arrivera plus. Ma visite est très longue, puis j’attends au Louvre le retour de Mme de Flahaut de Versailles. M. Du Port, qui se trouve là, est tout disposé à me parler. De Curt arrive, furieux du décret de ce matin, il dit que tous les députés des colonies se retireront demain. Ils n’auraient jamais dû entrer à l’Assemblée, et ils se rendront ridicules s’ils la quittent. Je m’en vais de bonne heure, laissant les deux sœurs faire une partie de piquet avec l’évêque et Sainte-Foy.


16 mai. — Ce matin, je m’habille aussitôt après le déjeuner et je vais à Versailles. Je dîne avec M. de Cubières qui nous donne un repas excellent. La société est assez nombreuse. Il possède un joli petit cabinet d’histoire naturelle, et beaucoup de petits produits des beaux-arts. Je lui dis qu’avec ses connaissances en chimie et en minéralogie, il ferait sa fortune en Amérique. Je m’en vais à cinq heures au lieu de me promener dans son jardin, et je rends visite à Mme de Nadaillac qui persiste dans son projet de quitter Paris demain matin. M. de Limou est avec elle ; il me dit qu’il pense que la séparation du duc et de la duchesse