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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/284

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

de s’adresser aux princes, c’est à lui que j’ai pensé comme intermédiaire. Lady Hamilton chante, et joue en chantant, avec une perfection que je n’ai encore jamais vue. C’est vraiment une femme des plus charmantes, mais elle a un peu l’air de son ancienne profession. Lady Anne Lindsay est ici et me rappelle que nous nous sommes rencontrés chez la duchesse de Gordon. À cinq heures, je vais à l’Opéra voir Castor et Pollux. Le roi et la reine s’y trouvent ; des applaudissements redoublés les accueillent, mais les gens du parterre défendent toute marque d’approbation sauf à eux-mêmes. Je vois M. de Montmorin qui me dit qu’il sera impossible de prendre des mesures pour employer aux subsistances une somme plus grande que ne le permet la liste civile. Nous en reparlerons. Je vais au Louvre et ensuite chez Mme de Staël, où la société est nombreuse et s’occupe à jouer. J’y lis la lettre adressée au roi par ses frères ; elle est bien écrite.


21 septembre. — Brémond me dit que Sainte-Foy, Renneval, etc., ont ourdi une intrigue pour détacher l’empereur du roi de Prusse, en se servant de M. de Metternich, et que toutes les pièces originales lui ont été communiquées. Il me dit aussi que Duport commence à gagner un ascendant sur le roi et la reine. Je passe au Louvre à cinq heures, et je demande à Mme de Flahaut de m’aider à corriger ma traduction demain matin. Elle est déjà retenue ; comme c’est un engagement de très peu d’importance qu’elle est néanmoins obligée de tenir, j’exprime brièvement mon mécontentement. Je parle à M. de Montmorin de l’affaire des farines. Il n’a plus la même ardeur. Ses difficultés peuvent être réelles, mais je me fatigue d’un homme qui a toujours des difficultés. Il me dit que le roi réclame ma traduction, et il suppose que c’est pour la communiquer à la reine. Je parle de terrains avec le comte de Poix. Souper chez le comte de La Marck. Rien de marquant ici.