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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/301

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

morin dit qu’on ne lui a pas encore donné de successeur, et le roi n’a même encore nullement fixé son choix. Je lui demande ce qu’il va devenir, et je lui dis que s’il a le moindre doute sur les intentions du roi, j’écrirai à Sa Majesté à ce sujet. Il répond qu’il serait honteux du roi et de lui-même, s’il pensait que le roi pût le négliger. Je dîne chez l’ambassadrice d’Angleterre. La princesse de Tarente est là ; elle me confie que la reine lui parle souvent de moi pendant leurs promenades à cheval. Je réponds seulement par un salut. Elle se répète, et s’étend sur ce sujet, mais je me contente de la même réponse. Je donne à lady Sutherland des vers dont je crois qu’elle sera contente. M. de … me dit que les troupes sont approvisionnées en blé pour un an. Je demande combien l’on donne de pain et de quelle qualité. Il répond que la ration est d’une livre et demie, dont trois quarts de farine et un quart de seigle. Le son n’est pas séparé. Il assure que cela fait d’excellent pain ; nombre d’officiers le préfèrent au pain de fine farine. Il trempe très bien dans la soupe, ce qui est un peu extraordinaire, considérant le mélange de seigle.


8 novembre. — Je passe un certain temps avec M. de Montmorin. Il me dit que ce qui empêche la nomination de Narbonne aux Affaires étrangères, c’est sa liaison avec Mme de Staël. Je lui demande si le roi est bien au courant de la duplicité de son ministre actuel. Il répond affirmativement. Je lui donne quelques indications pour une constitution pour la France, et le moyen de rétablir ses finances. Je fais une visite à Mme de Beaumont ; nous parlons poésie et littérature au lieu de politique. Je m’annonce en même temps que le dîner chez Mme de Montmorin. Après le dîner arrive M. de Renneval ; il est fort en colère contre l’Assemblée. Il dit que le Comité diplomatique médite de demander à Sa Majesté le renvoi de tout le département des Affaires étrangères, jusqu’aux scribes. Il se dit déter-