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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/303

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

ami Narbonne. Je lui donne mon avis de façon à l’en décourager, sans toutefois l’offenser.


12 novembre. — Aujourd’hui à trois heures, M. et Mme de Flahaut viennent dîner ; le ministre de la marine les suit de près, M. et Mme de Montmorin arrivent vers quatre heures, et Mme de Beaumont, qui était à l’Assemblée, à quatre heures et demie, après le commencement du dîner. La société est agréable, et Mme de Flahaut fait ses efforts pour plaire ; naturellement elle réussit. Le ministre de la marine me rappelle une affaire dont l’un des coloniaux parlait dans sa requête de l’autre jour, et à laquelle je ne me suis pas arrêté. Il s’agit de combiner le payement de la dette américaine avec l’aide à donner à la colonie de Saint-Domingue. Je promets de m’en occuper. M. de Montmorin me dit qu’il a écrit au roi son opinion sur le décret contre les princes et qu’il s’est offert à lui préparer un ouvrage sur ce sujet ; il s’est ensuite rendu au Conseil, mais n’a pas ouvert les lèvres. Je crois que mon pauvre ami est perdu, mais il ne faut pas l’abandonner.


15 novembre. — Je joue aux cartes avec Mme de Flahaut, tandis que le perruquier lui refait sa coiffure. Je vais ensuite voir Mme de Staël. Elle est furieuse contre moi. J’ai dit à M. de Molleville qu’elle m’avait consulté au sujet de l’acceptation des Affaires étrangères par Narbonne, et il a pris cela comme prétexte pour ne pas le faire nommer. Je réponds que je ne vois rien en tout ceci qui puisse offenser ; chacun sait que l’on a songé à M. de Narbonne pour cet emploi ; il est donc assez naturel de demander l’avis de différentes gens pour savoir s’il devrait accepter, au cas où on le lui offrirait. J’ajoute qu’il ferait mieux de n’y point songer ; il s’agit simplement de remplir un vide pour quelques mois, après lesquels on renverra celui qui aura pu être nommé. Elle me répond que le ministère est plus fort qu’on ne