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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/319

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

compte aux adjudicataires de la baisse de l’argent. On doit le mettre à la porte ; M. de Graave est l’un de ceux dont l’on parle pour le remplacer. Delessart devra aussi partir, comme prix de sa duplicité, et Cahier de Gerville à cause de sa nullité. Monciel a refusé toute place avant d’être sûr, par M. Bertrand, de l’approbation personnelle du roi ; puis il préférait plutôt le ministère de l’Intérieur, mais il attend mon opinion et mes conseils. Nous parlons longuement de la situation des partis. Il me dit que l’autorité de l’Assemblée est très petite et serait même complètement nulle, si les intrigues de Narbonne ne lui en avaient un peu redonné, aux dépens de l’ordre et d’un bon gouvernement. Il est au mieux avec Brissot et les autres membres de cette faction misérable et pernicieuse. Ils désirent savoir de moi comment il faut s’y prendre pour arriver à un bon gouvernement. Je ne tiens pas à m’étendre sur ce sujet en ce moment, parce que la part de l’imprévu est trop grande ; je me contente de dire d’une façon générale que la première condition est de convaincre le public que la Constitution actuelle n’est bonne à rien. Il répond que c’est déjà fait, et que l’opinion générale est que le royaume est ruiné sans espoir de salut. Je ne pense pourtant pas que cette opinion soit encore aussi répandue qu’il est nécessaire. J’ajoute qu’il faut, comme ministre de la guerre, quelqu’un de déterminé ; un homme de cette trempe, comme tous les autres, se ruinera personnellement, mais il commencera à faire du bien au pays. Pour le chevalier de Graave, il n’y a rien de bon à en attendre ; du moins, je le crois.


11 mai. — À Paris, Mme de Flahaut me dit que M. Dumouriez ne me recevra pas comme ministre des États-Unis ; du moins, un membre de l’Assemblée le lui affirme. Nous verrons. Je répète à M. Brémond et à M. Jaubert les propos de M. Crèvecœur ; ils décident d’en parler à La