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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/330

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

ce soir, mais il me donne rendez-vous chez M. de Montmorin. Je lui explique qu’il devra retourner bientôt à son armée, ou aller à Orléans, et se déterminer à combattre pour une bonne constitution ou pour le chiffon de papier qui en porte le nom ; dans six semaines il sera trop tard. Il me demande ce que j’appelle une bonne constitution ; est-ce une constitution aristocratique ? Je réponds affirmativement, et je crois qu’il a assez vécu sous le régime actuel pour voir qu’un gouvernement populaire ne vaut rien en France. Il dit qu’il désirerait la Constitution américaine, avec un pouvoir exécutif héréditaire. Je réponds que dans ce cas le monarque serait trop puissant, et qu’il devrait être contrôlé par un sénat héréditaire. Il réplique qu’il a de la peine à céder sur ce point, et ici se termine notre conversation. Je rentre chez moi et dicte à Brémond de nouveaux conseils à faire donner au roi par Monciel. L’important est d’obtenir une décision.


2 juillet. Brémond et Monciel me disent que le roi n’a ni plan, ni argent, ni moyens d’en avoir, et que la faction Lameth en est aussi dépourvue que lui. Monciel ajoute qu’il redoute de tomber dans les mains des constitutionnels. « J’ai bien peur, dit Monciel, que les Français ne soient trop pourris pour un gouvernement libre. » Je lui dis que l’on peut néanmoins en faire l’expérience, et que le despotisme reste encore comme dernière ressource. Brémond ne s’en va qu’après minuit, et mon temps se perd inutilement.


6 juillet. — Brémond me rend compte de ce qui se passe. Je lui donne l’idée d’un décret à faire adopter au sujet des ministres plénipotentiaires étrangers. Je soupe au Louvre. Danton a dit publiquement aujourd’hui, au sujet les intrigues de la Cour, que l’on s’en débarrasserait le 14.


7 juillet. — Les différents partis de l’Assemblée sont