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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/343

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

Ceci est fort, et je me pose la question de savoir si je ne devrais pas exprimer mon mécontentement en quittant le pays. J’ai du monde à dîner et le soir je vais souper chez lady Sutherland. Elle ne peut obtenir ses passeports et l’ambassadeur est dans une rage folle. Il a brûlé ses papiers, ce que je ne veux pas faire. On me donne clairement à entendre que l’honneur m’oblige à quitter le pays. Le temps est agréable et je suis très gai, ce que Sutherland supporte avec peine.


22 août. — Nouvelle visite aujourd’hui à lady Sutherland. Elle a reçu de M. Lebrun une lettre polie et elle espère obtenir les passeports rapidement. Son mari est tellement prudent, que si ce n’est pas de la timidité comme ou l’en accuse, c’est du moins quelque chose de très approchant.


23 août. — M. Henchman, de Boston, vient me voir. Il dit que les rapports transmis en Angleterre sur ce qui se passe ici y ont causé de telles alarmes qu’il n’a pas osé apporter les dépêches dont M. Pinckney voulait le charger. Il a cependant été traité avec égards tout le long de la route. Il ajoute que la décision que j’ai adoptée pour ma conduite est bonne, et que si je quittais la France sans motif légitime, cela causerait une impression des plus pénibles en Amérique. Je dîne chez l’ambassadeur d’Angleterre, et après le dîner l’ambassadeur de Venise arrive avec M. Tronchin. Ce dernier dit que l’Assemblée a permis au corps diplomatique de partir, mais non aux particuliers. Je ris un peu trop des malheurs du baron Grandcour, et lord Gower se fâche sans raison avec lord Stair. Je suis très peiné du départ de lady Sutherland, et elle est convaincue que je le suis. J’ai beaucoup de monde à dîner. M. Richard dent me dire que M. de La Porte est en route pour le lieu où il sera exécuté.