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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/347

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

part des desseins de ceux qui, par le cours naturel des choses, doivent devenir les plus forts. Je lui donne les raisons qui me font croire qu’ils poursuivent une chose impossible.


1er septembre. — J’emploie la plus grande partie de la matinée à rédiger ma réponse à la lettre de M. Lebrun et à la recopier. Le soir, je la lis, ou plutôt je la montre, à l’évêque d’Autun, qui l’approuve fort et fait remarquer que la lettre est à la fois absurde et impertinente. J’avais envoyé chercher Swan pour lui dire que son ami Brissot avait dépassé son but et qu’il me forcerait à quitter le pays. Il répond qu’il regretterait beaucoup mon départ, car dans quelques jours le gouvernement actuel sera renversé. Je crois bien qu’il se trompe, du moins quant à l’époque, et qu’il pourra y avoir une foule de ministères renversés avant d’avoir un gouvernement stable.


2 septembre. — Je sors ce matin pour mes affaires. Mme de Flahaut saisit cette occasion de rendre visite à ses amies. À notre retour, nous entendons parler d’une proclamation ou plutôt nous la voyons. Mme de Flahaut s’informe et apprend que l’ennemi est aux portes de Paris, ce qui ne peut être vrai. Elle se trouve mal, par crainte sur le sort de ses amis. Je remarque que cette proclamation répand la terreur et le désespoir parmi le peuple. On annonce ce matin le massacre des prêtres qui avaient été enfermés aux Carmes. On se rend ensuite à l’Abbaye pour y massacrer les prisonniers. C’est horrible.


3 septembre. — Le massacre continue toute la journée. On me dit qu’il y a environ huit cents hommes occupés à cette besogne. Le ministre de Parme et l’ambassadrice de Suède ont été arrêtés au moment de leur départ.


4 septembre. — Les massacres continuent toujours.