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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/401

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APPENDICE.

gréable de se trouver mêlé, car les gens malintentionnés ne peuvent faire la distinction entre une personne ayant des renseignements exacts sur ce qui se passe, et ceux qui agissent personnellement. Je dois, pour ce motif, refuser de parler des plans actuellement discutés pour l’établissement d’une bonne constitution. Je n’ose pas dire que j’espère leur réussite. Je la désire ardemment, mais j’ai des doutes et des craintes, n’ayant aucune confiance dans la moralité du peuple. Le roi cherche à assurer le bonheur de celui-ci, qui, hélas ! n’est pas disposé à recevoir les bienfaits de Sa Majesté. Le soupçon, compagnon constant du vice et de la faiblesse, a rompu tous les liens de l’union sociale, et détruit tout espoir honnête au moment même où il se produit.

Quelques personnes m’ont parlé ironiquement des dispositions des États-Unis, mais je leur ai assuré très sincèrement que nos sentiments de reconnaissance pour la conduite de ce pays se traduiraient en actes dès que l’occasion s’en présenterait ; les changements que l’on pourrait faire ici dans le gouvernement n’altéreraient en rien notre affection et ne diminueraient pas notre attachement. Ce langage non officiel, mais tenu dans la sincérité de la vie sociale, a surpris ceux qui, malheureusement pour eux, ne peuvent trouver à la conduite des nations que des motifs intéressés et ont la vue assez courte pour ne pas avoir observé qu’une conduite vertueuse et honorable est encore la plus profitable à un pays. Quant aux autres objets dont je suis chargé, il est à peine nécessaire de dire qu’il n’y a rien à faire en ce moment. Le temps que l’Assemblée n’emploie pas à la discussion des querelles de parti est forcément pris par les départements de la guerre et des finances. La résolution de suspendre le roi a été un peu refroidie par la nouvelle que les armées se soulèveraient immédiatement, particulièrement celle du sud, en qui l’on avait la plus grande confiance. Cette circonstance a grandement dérangé le plan d’opérations, d’autant plus que beaucoup des instruments spécialement rassemblés pour frapper ce grand coup sont devenus de sérieux empêchements pour ceux qui voulaient le frapper. Parmi eux sont les Bretons et les Marseillais, actuellement à Paris. Quelques chefs des Jacobins, à ce que l’on me