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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/405

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APPENDICE.

Lettre à Jefferson.

22 août. — Les différents ambassadeurs prennent tous la fuite, et si je reste, je serai tout seul. J’ai cependant l’intention de rester, à moins que les circonstances ne m’obligent à partir ; parce que, dans l’hypothèse que mes lettres de créance sont adressées à la monarchie, et non à la république française, il est sans importance que je reste dans ce pays ou que j’aille en Angleterre pendant le temps qui pourra être nécessaire pour recevoir vos ordres ou arranger ici les affaires courantes. Mon départ me donnerait cependant l’air de prendre parti contre la dernière révolution ; or, non seulement je n’y suis pas autorisé, mais je suis tenu de supposer que, si la grande majorité de la nation adhère à la nouvelle forme de gouvernement, les États-Unis donneront leur approbation ; car, en premier lieu, nous n’avons pas le droit de prescrire à ce pays le gouvernement qu’il devra adopter, et ensuite, la base de notre propre Constitution est le droit imprescriptible d’un peuple à se gouverner. Il est vrai que la position n’est pas sans danger, mais je présume que quand le Président m’a fait l’honneur de me nommer à cette ambassade, ce n’était pas pour ma sûreté ou mon plaisir personnels, mais pour défendre les intérêts de ma patrie. Je continuerai donc à les défendre de toutes mes forces ; pour ce qui est des conséquences, elles sont dans la main de Dieu.

Lettre à Jefferson.

10 septembre. — Nous avons eu une semaine de massacres incessants, au cours desquels plusieurs milliers de personnes ont péri. On a commencé par deux ou trois cents ecclésiastiques, qui n’ont pas voulu prêter le serment prescrit par la loi. De là, ces exécuteurs d’une justice sommaire se sont rendus à l’Abbaye, où étaient enfermés les prisonniers qui se trouvaient à la Cour le 10 août. Je crois que Mme de Lamballe fut la