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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

de front, où ces mêmes rues étroites sont des plus tortueuses, et où les maisons ont en général de quatre à six étages en pierre. Mais n’étant pas versé dans l’art de la guerre, mon devoir est de convenir avec les autres qu’il faut vraiment être un grand général pour pouvoir, avec seulement quinze cents fantassins ou cavaliers, et surtout avec deux seules pièces d’artillerie, disperser quinze mille hommes, principalement des spectateurs, parmi lesquels se trouvaient trois mille émeutiers, armés de bâtons et de pierres.


3 mai. — M. Jefferson me parle, pour la séance de demain, d’un billet que Mme de Tessé réserve à M. Short, mais qu’il me procurera, parce que Short ne peut pas s’y rendre. Je plaide près de M. de La Fayette, qui dîne avec nous, la cause du duc d’Orléans et lui donne mes raisons en faveur de son élection. Il me répond qu’il sera élu. Je rends visite à Mme de Chastellux qui a la bonté de m’apporter le programme de la cérémonie de demain de la part de la duchesse d’Orléans, et en même temps un message d’elle. Elle viendra si elle le peut. Mme de Chastellux propose de m’obtenir par son intermédiaire un billet pour demain. M. le maréchal de Ségur arrive. Au bout de quelque temps, la duchesse nous fait savoir qu’absorbée par sa correspondance, elle ne pourra venir. Je rentre me coucher de bonne heure, pour me rendre demain à Versailles.


4 mai. — Départ pour Versailles à six heures. Je suis rejoint en route par M. Le Normand et M. de La Caze. Nous descendons pour nous promener dans les rues jusqu’à ce que la procession commence, puis je vais avec Mme de Flahaut qui a la bonté de m’offrir une place à une fenêtre. En attendant la procession, la conversation roule sur le bal de l’Opéra. M. de Villeblanche me raconte une histoire qui dépeint bien le caractère national. Sa femme