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Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 9, année 1910.djvu/17

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JOURNAL
DE PHYSIQUE
THÉORIQUE ET APPLIQUÉE


MOUVEMENT BROWNIEN ET MOLÉCULES[1] ;

Par M. Jean PERRIN.

I

1. Quand nous regardons un liquide en équilibre, par exemple de l’eau dans un verre, toutes les parties de ce liquide nous paraissent complètement immobiles. Si nous y plaçons un objet plus dense, cet objet tombe, exactement selon la verticale s’il est sphérique, et finit toujours par atteindre le tond du vase. Nous savons bien enfin que, lorsqu’il est au fond, il ne se met pas à remonter, et c’est même là une façon d’énoncer le principe de Carnot (impossibilité du mouvement perpétuel de seconde espèce).

Ces notions si familières ne sont bonnes pourtant que pour l’échelle de grandeurs à laquelle notre organisme est accoutumé, et il suffit d’examiner au microscope de petites particules situées dans un fluide quelconque, pour observer que chacune d’elles, au lieu de prendre, selon sa densité, un mouvement régulier de chute ou d’ascension, se trouve au contraire animée d’un mouvement parfaitement irrégulier. Elle va et vient, s’arrête, repart, monte, descend, remonte encore, sans tendre aucunement vers l’immobilité. C’est là le mouvement brownien, ainsi nommé en souvenir du naturaliste Brown, qui le signala en 1827 et reconnut que les parcelles en suspension s’agitent d’autant plus vivement qu’elles sont plus petites.

Je vais essayer de vous montrer ce phénomène, mais la projection

  1. Conférence faite a la Société française de Physique, le 15 avril 1909. (Voir pour plus de détails les Ann. de Ch. et Phys., septembre 1909.)