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Page:Journal de physique théorique et appliquée, tome 9, année 1910.djvu/19

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MOUVEMENT BROWNIEN ET MOLÉCULES

et comment s’est développée l’hypothèse qui place dans l’agitation moléculaire l’origine du mouvement brownien. Le premier nom qu’il convient de citer à cet égard est peut-être celui de Wiener qui, presque aux premiers temps du développement de la théorie cinétique de la chaleur, devina que les mouvements moléculaires pouvaient donner l’explication du phénomène (1863).

Quelques années plus tard, vers 1880, les PP. Delsaulx, Carbonnelle et Thirion publièrent diverses Notes sur l’Origine thermodynamique des mouvements browniens, où se trouvent des aperçus déjà remarquables. « Dans le cas d’une surface ayant une certaine étendue, disent-ils, les chocs moléculaires, cause de la pression, ne produiront aucun ébranlement du corps suspendu, parce que leur ensemble sollicite également ce corps dans toutes les directions. Mais si la surface est inférieure à l’étendue capable d’assurer la compensation des irrégularités, il faut reconnaître des pressions inégales et continuellement variables de place en place, que la loi des grands nombres ne ramène plus à l’uniformité, et dont la résultante ne sera plus nulle, mais changera continuellement d’intensité et de direction. De plus, les inégalités deviendront de plus en plus apparentes à mesure qu’on supposera le corps plus petit, et par suite les oscillations deviendront en même temps de plus en plus vives… »

Ces réflexions restèrent malheureusement peu connues. Il ne semble pas d’ailleurs qu’on les ait accompagnées d’un effort expérimental suffisant pour écarter l’explication superficielle indiquée il y a un instant ; en sorte que la théorie proposée ne s’imposait pas à ceux qui pouvaient en avoir connaissance.

Au contraire, il fut établi par les travaux de M. Gouy (1888) non seulement que l’hypothèse de l’agitation moléculaire donnait du mouvement brownien une explication admissible, mais encore que l’on ne savait imaginer aucune autre cause de ce mouvement. Ces beaux travaux eurent tout de suite un grand retentissement, et c’est de ce temps seulement que le mouvement brownien prit rang parmi les problèmes importants de la Physique générale.

En premier lieu, M. Gouy observa que le mouvement brownien n’est pas dû à des trépidations transmises au liquide, puisque, par exemple, il persiste la nuit, à la campagne, aussi bien que le jour près d’une rue populeuse où passent de lourds véhicules. Il n’est pas dû non plus aux courants de convection qui se produisent dans