Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/22

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Le « problème » implique l’idée de vie. On peut dire que tant qu’il y a problème, il y a de la vie, et tant qu’il y a de la vie, il y a du problème.

Les problèmes, au théâtre, sont éternels, comme dans la vie ; ils ne sont ni d’aujourd’hui, ni d’hier, ni de demain. Les problèmes du théâtre d’aujourd’hui, ça ne fait pas question, ce sont ceux d’aujourd’hui et de demain, c’est celui de toujours, c’est le « succès ». Chaque fois que le serpent de mer disparaît des mers du Sud, ou que les scandales ou les crimes s’apaisent, les journaux commencent à enquêter sur les problèmes du théâtre, et essaient de nous attendrir ou de nous inquiéter par un aspect particulier de l’activité théâtrale. Il faut convenir que les questions sont, en général, mal posées, et que les points de vue sont toujours d’incidence.

Hélas ! que, le cœur serré, on constate le chômage des comédiens et leur misère ; que l’on considère la désuétude du Conservatoire, ou la caducité des théâtres subventionnés ; qu’on soit pris de vertige ou de honte en songeant au théâtre d’Orange ; qu’on cherche à démêler les liens qui pourraient unir le théâtre et le cinéma ; qu’on étudie le théâtre radiophonique ou les mesures de protection de l’enfance à la scène, ou bien encore celles de sécurité contre l’incendie des théâtres ; qu’on mette en question le port des chapeaux à l’orchestre ou le droit au sifflet, le contingentement des pièces ou l’imposition du filet aux acrobates, ou les congés des Sociétaires de la Comédie-Française ; que l’on