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Page:Jouvet - Réflexions du comédien, 1938.djvu/53

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Je n’ai qu’un métier ; je n’ai été et je ne suis qu’un homme de théâtre. Je tiens à ne pas donner à ceux qui font profession d’écrire prétexte à m’accuser de concurrence, c’est-à-dire d’incursion importune dans le domaine de la critique littéraire, d’autant que je reconnais bien volontiers n’avoir pas à juger au delà de mon métier. C’est uniquement de ce biais que je considère la littérature dramatique. Je vais donc essayer de vous conter aussi fidèlement que mes souvenirs me le permettront l’histoire de mes rapports avec Beaumarchais.

J’espère que le parti pris qui est le fond de ma nature — et qui me semble légitime, car on ne peut vivre sans prendre position — ne me fera pas tenir une fois encore pour médisant ou calomniateur.

Ma première rencontre avec Beaumarchais date de ma douzième année peut-être. Beaumarchais était un auteur dont je ne situais pas très bien le nom. Je me souviens d’avoir acheté clandestinement pour la modique somme de soixante-quinze centimes, une bro-