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Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/217

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GALERIE DES FEMMES

me faisaient espérer le repos de la nuit ; le sommeil n’approcha pas de mes yeux : l’image enchanteresse de Sophie tourmentait mon âme. Le jour me surprit dans l’agitation pénible qu’occasionnait en moi la naissance d’un sentiment qui me transportait dans un nouvel ordre de choses, et pour l’examen duquel je ne trouvais dans mon cœur aucun terme de comparaison. L’appartement que j’occupais avait une sortie sur les jardins : je crus me distraire en les parcourant ; mais tous les objets qui s’offraient à ma vue, me ramenaient à la seule idée que je pusse accueillir : je ne voyais que Sophie, et je la voyais alors telle que je la vis jusqu’au jour qui nous sépara pour jamais. J’anticipe sur l’ordre des temps pour placer ici son portrait.

Sophie n’avait pas encore dix-sept ans lorsque l’événement dont je viens de rendre compte l’offrit pour la première fois à ma vue. Après avoir dit que rien n’égalait la finesse et la légèreté de sa taille ; que ses grands yeux bleus trahissaient toutes les vertus de son âme ; que