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Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/231

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GALERIE DES FEMMES

que la liberté repousse et que l’amour désavoue. Si la fortune, si les préjugés vous avaient mis l’un et l’autre dans la dépendance des hommes, je vous dirais : Conformez-vous à des lois que vous ne pouvez braver impunément ; mais les vertus, l’éducation, l’opulence vous ont fait libres : que l’hymen ne vous fasse pas esclaves ; ne vous imposez pas un joug humiliant pour qui veut s’y soumettre, insuffisant pour qui veut s’y soustraire.

« Édouard, Sophie, continua le vénérable vieillard en élevant la voix d’un ton solennel, et plaçant la main tremblante de sa fille dans la mienne, je n’exige pas de vous, en vous unissant, le serment frivole d’un amour éternel ; mais je vous place l’un et l’autre sous la sauvegarde de la probité, de l’honneur et de la reconnaissance, dont les lois sont de tous les temps et de tous les âges. Quand vous cesserez de vous aimer comme amants… (À ces mots, sans l’interrompre, nous jetâmes l’un sur l’autre un regard qui attestait l’inutilité de cette prévoyance. Il répéta comme s’il avait