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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/186

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VISIONS DE L’INDE

s’alanguissaient à cette indolence incurable qui caractérise les mélanges de sang. Une enfant Irlandaise joue de la harpe, insouciante, fière de son sang pur. Et dans le jardin, la splendeur dénouée des chevelures blondes, secoue du soleil parmi des jeux et des rires puérils.

Je me repose ici, je n’ai même pas à trop admirer, car le zèle monastique à Naini-Tal se borne aux rejetons riches. Je ne découvre pas de natifs dans ces écoles qui accueillent même des protestants. Rien du zèle ardent de ces sœurs toutes blanches que je vis à Lahore, ramassant les enfants des pestiférés et des affamés. Ces petits paysans hindous par l’ordure, la difformité et la laideur, sont tombés au-dessous des nourrissons des bêtes. Ces rédemptrices de la chair autant que des âmes m’effrayèrent par leur héroïsme qui rappelle l’antique folie de la croix. L’évêque de Lahore, Mgr Pelkman, m’initiait à ses prodiges d’un prosélytisme qui pousse des jeunes filles belles et souvent fortunées vers ces villages infects ; toutes les privations et les plus cruelles épidémies les guettent ; elles couchent dans la boue pendant la saison des pluies et subissent en été, sous des tentes, soixante degrés de chaleur. La moitié meurent au bout de six mois ou un an, et elles sont remplacées aussitôt par d’autres, pareilles en dévouement, passionnées de