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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/218

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VISIONS DE L’INDE

subtiles et solennelles de ce pays qu’il hait, car il n’en perçoit que les inconvénients climatériques ; et, quoique le maître, il se sent exilé au milieu d’une race qu’il méprise et qui lui reste étrangère. Son espoir, c’est de revenir en Angleterre, dans son district, les poches lourdes de souverains. Là-bas, sa fille, qu’il ne connaît pas, va se marier. Au-dessus du pupitre de sa correspondance commerciale, s’étalent une carte du Transvaal, les portraits de Roberts et du député obscur représentant son district, entre des drapeaux. L’Angleterre vit là, dans ce coin terrible où l’été est si brûlant que les nuits sans brise, étouffantes, presque mortelles, firent s’enfuir à Delhi, ruinée, l’empereur Sha Jahan et y reconstruire une nouvelle capitale…

On cause de l’Afrique du sud, et pas un mot n’est échangé par ces deux hommes sur la guerre et contre ses horreurs ; ils n’ont qu’une pensée : l’or qui gît autour de Pretoria, qui deviendra une propriété britannique. Je les étudie, de type si différent l’un de l’autre : celui-ci, gros, joufflu, policé ; celui-là maigre, aigu, rude, — possédés tous deux par une double passion : l’Angleterre et l’Argent.