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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/220

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VISIONS DE L’INDE

été donné parle « commissionner », à qui il apprend l’hindoustani et le poutchou ; car il est non seulement prêtre, mais « mounchi », c’est-à-dire professeur. Ses yeux, où la science et la subtilité s’allient, étincellent dans sa face de Mongol au pigment moins coloré que la peau des Hindous ; et le turban blanc, immense, replié douze fois, lui fait une molle couronne. Qu’il est différent des brahmanes, aveulis et superstitieux, ou des « sanyasis » horribles ! Allah, le dieu unique, transfigure l’idolâtre, fait du sauvage un homme. Dans l’Inde, un musulman vaut cent Hindous. Il nous accompagne jusqu’à Sikandra, à sept milles d’Agra. Il est monté près du cocher, sur la Victoria que mon camarade d’occasion a su obtenir pour le prix modeste d’une carry[1]. Mon Anglais n’a pas voulu qu’il s’assît devant nous sur la banquette, d’abord pour mieux allonger son pied malade, ensuite parce qu’il méprise tout indigène, si savant soit-il.


Une longue route bordée d’acacias nous conduit de notre hôtel à Sikandra ; c’est un dôme de verdure, un frais parasol qui ne nous abandonne pas. Déjà le soleil est puissant. Nous traversons un des quatre portiques. Chacun d’eux regarde un des points car-

  1. Voiture indigène.