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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/223

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VISIONS DE L’INDE

les terrasses de Sikandra. Depuis qu’il y est enseveli, le peuple s’y porte aux jours de fête et il boit, mange, rit, danse dans ce palais de joie, construit sur de la poussière humaine.

Un mouvement coloré m’intrigue dans un pavillon. Ce sont deux enfants embrassés. Leurs doigts s’entrelacent comme les brins de jonc qui forment les paniers. Ils sourient, presque nus, avec cette innocence et cette tendresse réservée à l’Inde. Ce sont sans doute des fiancés de douze ans que les parents et les astrologues ont joints et qui réalisent déjà, sous la protection du grand mort, la volonté de la Race et des Étoiles.

Le mufti m’entraîne vers le cénotaphe au milieu de cette terrasse. Il est d’une nudité géométrique et florale — dur pistil d’une fleur de marbre que le temps n’a pas su briser… Il n’y a pas d’autre nom sur cette pierre que le nom d’Allah. Lisez : « Allah ouk Akbar. Allah seul est grand. » Formule de fierté et de modestie, par laquelle l’empereur rappelle que ce nom d’Akbar (grand) est digne de Dieu seul, — mais que cependant il l’a porté.

Les restes matériels de l’empereur ne gisent pas là ; ses ossements dorment en bas dans les caves, sous terre ; ici il y a son âme qui regarde le ciel et plane sur le monde.

Mais mon Anglais n’écoute pas l’orientale faconde

12.