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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/231

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VISIONS DE L’INDE

qui n’est jamais détruit… Je laisse mon camarade britannique s’entretenir avec la nuée des guides sur le prix des réparations faites à certaines mosaïques lors d’une récente visite du prince de Galles. Les lacks de roupies remplissent les bouches, l’admiration croît avec les sommes. Le mufti m’accompagne. J’aime sa solennité, j’aime son amour pour ces grandeurs dont son sang charrie encore la fierté.

Tout de suite, après le gateway de Delhi aux tours massives gardées par des soldats anglais et indous, au-dessus de fondations en grès rouge, l’édifice extraordinaire « la mosquée-perle » s’étend devant l’œil charmé, — immense perle, en effet, qui aurait été creusée et travaillée par la main des génies. Oui, des « génies », car il y a là encore je ne sais quoi de nu, d’aéré, de trop austère et de trop joli pourtant qui étonne notre conception du temple. Non, je ne pourrai pas prier ici. Cela ne me semble ni humain, ni surhumain, mais « inhumain ». Pourtant, comme je suis loin des infâmes pagodes de Kali à Calcutta et à Bénarès, boueuses et sanglantes !

— Vous ne pouvez nous comprendre entièrement, Sâb, dit l’Asiatique qui devinait mes doutes. Vous êtes des visages blancs et votre épiderme porte la trace des neiges qui furent comme la pous-

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