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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/239

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VISIONS DE L’INDE

II

La Leçon du Taj.

J’ai entendu la voix silencieuse du Taj qui a parlé à mon esprit dans la glorieuse lumière du matin :

— Regarde-moi, m’a-t-il dit, toi qui préfères les crépusculaires cathédrales ou la beauté économe des temples grecs. Je veux enrichir ton esprit de données nouvelles. Tu croyais que les splendeurs asiatiques étaient toutes faites de désordre. Je suis un sourire de l’équilibre ! Mon poème de mort et d’amour a traversé les âges, respecté même de la guerre, parce que j’ai gagné l’immortalité par la beauté !

Un Hindou misérable m’offrit à ce moment une rose qu’il avait cueillie pour moi dans le jardin, espérant pour cette attention quelque bakchich. Je me dis qu’il vivait sans doute avec deux ou trois annas par jour, c’est-à-dire avec à peine six à huit sous. Une irritation me vint de ces monuments splendides autour desquels meurt une multitude d’affamés. Pendant vingt-deux ans, vingt mille hommes chaque jour travaillèrent sans relâche et les dépenses purent s’élever à quatre millions de livres.

13.