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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/27

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VISIONS DE L’INDE


III

Shiva-Lingham.

Enfin nous débouchons sur l’étang sacré, une eau verte stagnante où mouillent des arbres maigres. « La Déesse est née ici », me chuchote mystérieusement le brahmane. Il en témoigne lui-même, morbide et puant… Certainement c’est le miasme et la fièvre, cette Kali… Là, une Cour des Miracles, avec ses horreurs multipliées par une fantaisie asiatique qui semble s’exercer même sur les estropiements ; des difformités mendiantes, telles que Goya lui-même ne les eût pas rêvées. — Il faut marcher encore. Ah ! voici le temple du Shiva-lingham.

Je prie les consuls de retenir les Européennes loin de l’idole hiératique et obscène. Avec mon ami et mon guide, je vais jusqu’à l’église circulaire où repose l’Organe vénéré.

C’est un pavillon ouvert en plein vent ; le toit, pointu en pagode, est soutenu par des piliers, et les dalles s’abaissent, fléchissent, se creusent pour contenir l’aérolithe antique et divinisé. Une humidité perpétuelle règne là, entretenue par l’eau lustrale, les offrandes, les pieuses larmes.