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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/297

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VISIONS DE L’INDE

proque indulgence, le pardon remplaçant les guerres, la bonne volonté substituée à la peur du superstitieux et à l’obéissance de l’esclave, — tout ce que l’homme, le plus élevé d’esprit, le plus généreux de cœur, peut découvrir de sublime en lui-même, dans son seul lui-même, le Bouddha le trouva, le formula, et l’empereur Açoka tenta de le réaliser.

L’Asie Mineure, quand on la fouille, avoue le passage des missionnaires bouddhistes dépêchés vers l’ouest par ce monarque philosophe. Malgré la puissance de ses armées, il renonçait aux conquêtes qui n’étaient pas spirituelles ; avide de gagner les âmes, il dédaignait les provinces nouvelles qui, d’ailleurs, appelaient sa rayonnante suprématie.

Ici à Delhi, au milieu des ruines de l’orgueil et des stigmates de la haine, parmi les vaines exaltations de tombes qui veulent réintégrer dans ce monde illusoire les morts augustement délivrés, tout près des temples écroulés célébrant des dieux plus inexistants encore que les hommes, ce monolithe, qui date de trois siècles avant notre ère, proclame la réalité suprême de l’Ame. L’Ame, (Atma, qui pour l’Hindou s’identifie avec Brahman), fut la seule flamme des divinités et des héros ; elle les dépasse, puisque, mère silencieuse éternellement féconde, elle se réserve pour l’avenir de suprêmes