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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/310

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VISIONS DE L’INDE

la caste, la caste aux brahmanes et au rajah. Le culte de l’enfant a été moins imposé par la nature — d’ailleurs toujours ennemie, elle aussi, du développement de la personnalité exclusive — que par la lente suggestion des dogmes et des lois.

D’après Manou l’enfant est « le rédempteur ». L’enfant mâle s’entend ; le père est sauvé par son fils qui accomplit « le sacrifice » à son ombre et lui ouvre ainsi, après sa mort, le ciel ; celui qui n’a pas de fils est damné à moins d’être un yoghi, un moine, un ascète. Aussi, quels soins autour de cette tête chère qui, en échange de la vie, donne l’immortalité !…

Mon compagnon de route, mon initiateur de ruines, n’a plus d’égards et d’yeux que pour ce bébé dont la petite calotte est un bijou d’or tressé. Il lui a mis aux oreilles, au cou, aux bras les riches breloques, les anneaux, les fétiches, les bracelets que nous réservons aux plus coûteuses maîtresses. Il lui a peint les ongles, agrandi de kohl les paupières déjà si amples ; à son oreille il a glissé une fleur, et a frotté de jasmin et de safran ce corps douillet ; les joues, comme les lèvres, sont écarlates. De quel coffret de famille cet escrogueur de roupies a-t-il tiré tant de gentillesses ?


Le tombeau d’Humayon, avec ses pavillons, ses