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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/354

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VISIONS DE L’INDE

IX

La religion de la paresse.

Voilà, me dis-je, pour les Hindous un lieu de paresse idéal et je comprends qu’il ait été choisi par une secte comme le reposoir de reliques suprêmes et la Mecque des nouveaux prophètes anti-musulmans. Pavillons, jets d’eau, pâtisseries, boutiques de fleurs, jardins, arbres ombreux, auberges destinées au sommeil, tout est disposé pour le délassement, la rêverie et la sieste. Ce peuple, redevenu barbare à force de civilisations surajoutées et désuètes, réduit la religion à une sorte d’amusement des sens et de l’âme. On ne peut mieux la comparer qu’à un dimanche de chez nous à la campagne. On ne se fait plus de souci, on s’accroupit au frais sur du marbre loin de la rude persécution du soleil, on peut prendre des bains à volonté, on parle de choses qui enivrent l’intelligence, aiguillonnent l’imagination. On écoute des conférences éjaculées par des cabotins sacerdotaux, on s’autohypnotise, on chante…

Tout cela c’est du bon temps, et la vie coule sans fièvre et surtout sans travail, — ce qui est ici l’important !