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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/372

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VISIONS DE L’INDE

deux fois par le talent et par la race, il faut surtout ce teint pâle, témoignage du pur sang aryen qui coule dans ses nobles veines.

La conversation s’achemine peu à peu vers une actualité encore brûlante à cette époque, — la guerre du Transvaal.

Tous deux nous tombons d’accord pour déplorer (ce fils de roi professe un patriotisme clairvoyant et sans lâches rodomontades) la décadence de l’âme indienne, son assoupissement sous les narcotiques, les superstitions, les liens multiples des castes. Ainsi quatre cent millions d’indigènes se livrent à l’absolue domination d’une poignée de blancs qui ont su leur en imposer. La guerre du Transvaal, au lieu d’affaiblir l’autorité britannique, fut si bien présentée là-bas par les Anglais qu’elle n’a fait — c’est étrange à dire — qu’augmenter leur prestige.

— Je mets de côté, bien entendu, lui dis-je, les multitudes profondes intéressées seulement par les quelques annas à gagner, leurs dieux, leurs animaux sacrés et leurs femmes. Ces foules ignorent tout, vivent et meurent dans une sorte d’hypnotisme indifférent, dont rien ne les fait sortir. Mais l’Élite ? Elle a reçu l’éducation européenne, discute les affaires de la cité, lit les journaux — ces extraordinaires journaux anglo-indiens représentant les Boers comme les pires sauvages, torturant les pri-