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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/378

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VISIONS DE L’INDE

chaussée, à certaines « calles » de Naples. Elles sont pavées, et, par de larges incisions dans la pierre, coulent des ruisseaux.

Un riche indigène nous demande de visiter sa maison. L’entrée est un peu mal odorante, mais l’édicule est lui-même riche et bien orné. Je commence à connaître ces intérieurs orientaux. Ils sont pleins de joliesse et d’originalité, mais jamais cohérents et complets. Ils s’adaptent à ces races, dégénérées de leur splendeur antique et que ronge le ver irréparable des décadences. Il y a toujours quelque chose qui cloche dans les monuments et dans les âmes. Sur le papier à lettres d’un Anglais, j’ai lu cet exergue : Perfice quid tentes. Voilà un excellent principe que seuls suivent et savent appliquer les races et les individus forts.

Nous entrons dans la cour centrale que Baudelaire eût aimée et où soupire un éternel jet d’eau.

Tout autour, d’exquises galeries de bois ouvragé selon le merveilleux travail indien, inépuisable en variété et qui ressemble à la nature infinie et multiforme. Les plafonds sont chacun de petits chefs d’œuvre de coloris et de dessin; des fenêtres aveugles servent de niches où des vaisselles précieuses, des verreries rares sont exposées. Ces retraits se multiplient dans chaque chambre; ils y forment le panneau central, ils meublent l’appar-