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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/383

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VISIONS DE L’INDE

registre, nous montons dans la tour où nous sommes reçus par un officier aimable, qui est le commandant de la place ; son visage mâle est balafré à la joue. C’est un Canadien.

Il a sans cesse à guerroyer avec les sauvages des environs ; ceux-ci tuent de temps en temps en embuscade les Européens qui se hasardent seuls dans la région. Les salles que nous visitons sont ornées de dessins jetés sur les murs par les crayons Imaginatifs du corps de garde, aux heures d’oisiveté et de sieste. Ils sont, pour la plupart, galants ou satiriques. Je m’arrête quelques secondes devant une esquisse qui représente un cavalier Afghan, pourfendant de sa lance un Russe qui lève désespéré les bras au ciel… C’est bien, en effet, contre la Russie que ce fort se dresse… La Russie hante le cerveau de mes compagnons dont les phrases railleuses commencent souvent avec : « Quand les Français et les Russes viendront conquérir l’Inde… » Je réponds en riant : « Pas encore… »

Je demande à passer la revue des soldats, comme on me l’avait offert. Mais les soldats sont difficiles à trouver… Il ont sans doute engraissé les champs boers… On n’arrive à me montrer qu’une quarantaine de vieux invalides afridis, la plupart décorés mais sérieusement éclopés et qui habitent pacifi-

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