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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/392

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VISIONS DE L’INDE

gère et de clinquant, l’Inde d’opéra-comique, vue à travers les livres antérieurs ou par des yeux prévenus !


« Quelles sont là-bas, m’écrivait-on de toutes parts, l’attitude et l’influence des Anglais ? En dernière analyse, qu’en résulte-t-il, du mal ou du bien ? »


Question énorme, dans laquelle on ne peut guère faire intervenir loyalement que les faits auxquels on assista.

Naturellement, en bon Français que je suis, je débarquai à Calcutta, mon siège fait. Les Anglais étaient des « barbares », ils exploitaient indignement un « noble peuple » arrivé à une civilisation extrême et qui désapprit la force[1]

J’eus bientôt à en rabattre, dès que je touchai

  1. Le raisonnement des rares Indiens anglophobes revient en effet à celui-là, qui ne manque pas d’ingéniosité. « Les Barbares, disent-ils. (c’est historique) ont toujours conquis les peuples plus raffinés. La force est l’attribut passager des races jeunes, aptes aux émigrations et aux envahissements, tandis que les nations âgées, comme la nôtre, s’engourdissent et finissent par subir la domination des plus impétueux, des moins civilisés. » Les autochtones qui argumentent de la sorte, oublient que l’Inde a été conquise par l’Angleterre, grâce à ses divisions intestines, au fanatisme des sectes, à l’aveulissement d’une populace abrutie de narcotiques, laissée, par la tactique des brahmanes, dans la plus absurde et la plus épaisse ignorance, et, en quelque sorte, à l’état sauvage.