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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/394

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VISIONS DE L’INDE

Avait-il raison ? Sans doute, il sied de garder une juste mesure, et les Anglais, par leur froideur et leur mépris, ont indisposé les meilleures volontés.

En tout cas, les amours entre Européens et Indiennes ont semé à travers le pays une race intermédiaire, les « Eurasiens », à qui sont fermées les carrières importantes et dont la valeur personnelle est souvent peu estimée.

On leur reproche leur indolence et parfois leur duplicité. L’Angleterre se refuse à les enrôler dans ses milices et les tient à l’écart des emplois publics.

En vérité, seules les femmes de basse condition, d’une pauvreté sordide, ou bien les courtisanes (pas toutes encore), prennent contact avec les Européens. Les autres sont inabordables. Pourrait-on ainsi, et par leurs mères, expliquer l’infériorité générale des « half cast »? D’autre part le blanc, capable de contracter une telle union, est considéré, souvent, par les siens, comme un déclassé[1].

Un Anglais qui se respecte est si intimement persuadé de sa suprématie de race et de religion qu’il n’a que des rapports officiels avec les natifs. Celui qui oserait, quarante-huit heures seulement (comme Loti ou moi, nous le fîmes à Calcutta pendant plu-

  1. Néanmoins les exceptions abondent, particulièrement pour les Eurasiens de vieille souche, dont le sang est français ou portugais.