Aller au contenu

Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
33
VISIONS DE L’INDE

foie. N’importe, il rapportait une somme suffisante pour asseoir son monastère et y accueillir ses frères, les disciples du même maître.

Ce fut sa première parole au seuil de sa maison.

— Je suis libre, mon ami, libre de nouveau ! J’ai tout donné ; cet argent me pesait comme des chaînes. Maintenant, je suis, dans le pays le plus pauvre du monde, l’homme le plus pauvre de ce pays. Mais la maison de Ramachrisna est bâtie et sa famille spirituelle y est abritée.

Il vit l’Américaine, la salua de ce geste si doux qui est devenu, en Occident, l’attitude de la prière : les mains jointes, la tête inclinée. C’est ainsi que, dans les images, les épouses des dieux hindous sont figurées devant leurs maîtres célestes.

Et il nous présenta les siens.

— Voilà mes frères et mes enfants, dit-il.

Sous leurs turbans magnifiques, des jeunes gens nous sourient avec les yeux encore naïfs des apprentis de la vie ; des vieillards s’arrachèrent, pour nous, à la méditation des Védas et leur front incliné était tatoué de signes shivaïques. Des soudras et des brahmanes, des parias aussi, étaient réunis là ; car, pour ce prophète, les castes sont abolies. Dieu est égal en tous. Il prit un narghilé que fumait un disciple, en tira une bouffée qui par-