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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/67

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VISIONS DE L’INDE

s’écrie-t-il, mais je redoute l’opinion de mon peuple et je vous demande de subir une fois encore l’épreuve du feu.

— Je vais vous donner un autre témoignage de ma pureté, » répond la reine.

Après avoir serré sur son cœur ses enfants qu’elle recommande à l’amour de Rama, elle invoque sa mère, la Terre, et lui demande de la reprendre dans son sein.

La terre s’ouvre, en effet, et la Déesse apparaît en personne, étreint Sita ; puis toutes deux disparaissent. Rama pense devenir fou de douleur, les petits éclatent en larmes, Lakshmana s’efforce d’ouvrir le sol avec un pieu, afin de reprendre la chère fugitive… Mais elle est devenue inaccessible à jamais, trop belle et trop pure pour respirer encore l’atmosphère des hommes. Brahma lui-même, le Dieu des dieux, éblouit l’assemblée de sa subite présence : « Souviens-toi, ô Rama, dit-il, de ta divinité ! Il te faut planer sur tous les humains désespoirs. Sita repose à jamais sous sa forme originelle de Lakshmi, déesse de la Beauté. »

Et le drame finit dans un apothéose, car le ciel a déchiré son voile pour laisser apercevoir Lakshmi triomphante et sereine, toute semblable à Sita, reposant sur son trône de lotus.