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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/88

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VISIONS DE L’INDE

d’Europe. Des marchands à visage de singe nous happent ; ils gesticulent et sourient, exhibant, avec des gestes d’artistes et d’escamoteurs, des pots de cuivre martelés à Bénarès, des statues de dieux et de déesses, des taureaux, des chevaux, des linghams. Puis nous tombons dans le bazar des soies. Là, sont accroupis sur des nattes, des enfants aux calottes multicolores, aux yeux cernés de kohl. Rien ne les distrait. Ils incrustent, dans la soie, avec d’agiles épingles, des étoiles d’or. Du pouce de leur pied, ils maintiennent l’œuvre.

Ce n’est qu’après le breakfast que nous commençons à acheter ; alors la fièvre nous gagne, nous emportons des vieilles ferrailles inutiles, des corbeilles de métal, des cachets, des dieux, des jouets d’enfant, des boites qui en contiennent une dizaine d’autres, chacune plus petite, des chandeliers de cobra, des bracelets lourds ou légers pour orner les pieds des bayadères. Les livres sterling fondent sous nos doigts là où souvent quelques annas suffisaient ; et pourtant nous ne donnons que le quart du prix demandé.

Mes amis sont pris dans le même vertige, nous courons chez les changeurs qui nous font payer très cher leurs services que les marchands auraient pu nous épargner. Une foule toujours grossissante s’attache à nos pas dès que les premières roupies