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Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/98

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VISIONS DE L’INDE

de babouches et de pourritures jamais balayées ; en entrant, les femmes le baisent pieusement, et leurs jambes nues, maigres et musclées, apparaissent dans ce geste.

Entre les piliers rouges, des prêtres vêtus de pourpre allument des flammes et ramassent des « paisses », sous de cuivre, que les fidèles ont déposés devant les idoles. Les grands turbans blancs se prosternent. Et c’est un va-et-vient d’hommes et de femmes portant des plats de riz, des « sweets », des petites bougies sur des plats de fer ; quelques-uns, accroupis sur leurs talons, avec un incessant balancement de l’échine, égrènent des chapelets. Du sang tache les dalles, les pieds nus foulent des fleurs écrasées, de la bouse, des herbes, du beurre et de la graisse fondus. Des mouches tourbillonnent. Au milieu des prêtres et des adorateurs qui s’écartent dans un mystique effroi, passe, l’œil méchant, ses cornes magnifiques droites comme des glaives, le « bull of Shiva », le taureau en qui s’est incarné le dieu, le zébus, la bête dont le dos est gonflé d’une bosse et qui a été peint en noir pour symboliser que le Dieu suprême est ténébreux et inconnu !