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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/230

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maire, ce fut aussi une des plus pressantes préoccupations du premier consul. Il est évident que, par la faute du clergé, la religion avait été une des grandes causes de la Révolution, et qu’elle fut constamment un des grands embarras des pouvoirs révolutionnaires. Depuis 1789, le sentiment dominant dans la partie active de la population, dans celle qui fréquentait les clubs, fut la haine des prêtres ; mais ce sentiment n’impliquait pas chez tous ceux qui l’éprouvaient l’abandon de la religion. Je ne parle pas de la population des campagnes, de celles de l’Ouest et du Midi principalement, où la religion catholique comptait un si grand nombre de fidèles, ni des guerres de Vendée, plutôt religieuses que politiques ; mais dans les villes mêmes, à Paris, plusieurs parmi les plus violents ennemis des prêtres voulaient modifier la religion ou la changer, non la supprimer. Nous avons vu que la Constituante elle-même se fit une religion, qui était le catholicisme, moins ses abus. À une époque avancée de sa législature, et quand on pourrait croire qu’elle est honteuse et dégoûtée de l’Église constitutionnelle, elle assiste en corps à l’office divin. Sous la Convention, le gouvernement ayant voulu supprimer la célébration de la messe de minuit par des raisons de police, n’y parvint pas, il ne réussit qu’à provoquer une émeute. Même chose arriva pour la fête de sainte Geneviève, patronne de Paris ; il fallut ouvrir l’église ; l’affluence fut si considérable que des milliers de personnes restèrent en dehors. Qu’on ne croie pas que ces démonstrations fussent faites par des réactionnaires ; les réactionnaires n’assistaient pas aux cérémonies de l’église constitutionnelle. Non, c’étaient des républicains qui, peut-être, au sortir de l’église, auraient provoqué dans leurs clubs de nouvelles rigueurs contre les prêtres réfractaires. L’athéisme avait un parti, mais restreint, et composé surtout de prêtres apostats. Il eut un moment de faveur, parce qu’il parut le comble du radicalisme, et qu’il y a toujours, dans les révolutions,