Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/388

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sans parler de l’office du dimanche, et de l’exhortation qui le précédait ; qu’aucun obstacle venu de l’administration n’entravait les rapports de l’aumônier avec les élèves ; qu’il était maître absolu de l’enseignement religieux. Les chefs de la croisade entreprise contre l’Université savaient encore avec quelle vigilance on surveillait dans l’intérieur des collèges l’accomplissement des devoirs religieux des élèves. Toute marque d’irrévérence envers la religion était punie avec sévérité. L’enseignement lui-même, à tous ses degrés, était d’une orthodoxie poussée jusqu’au scrupule. Aucun professeur d’histoire ne se serait permis d’élever le plus léger doute sur l’authenticité des Écritures ; le moindre manque de respect aurait été puni d’une destitution immédiate. La philosophie n’était pas moins circonspecte. Le programme avait été rédigé avec soin pour écarter les questions irritantes ; les professeurs étaient dûment avertis à leur entrée en fonctions, qu’ils ne devaient rien enseigner qui pût paraître contraire à la foi catholique ; les proviseurs, les inspecteurs étaient très-attentifs à ce qui se passait dans la classe, et les aumôniers de leur côté ne se faisaient pas faute de s’ériger en surveillants de leurs collègues. La preuve qu’il ne se passait rien de répréhensible au point de vue des croyances catholiques, c’est que, pendant la période d’agitation, quand le clergé cherchait partout des arguments pour sa cause, il trouva à peine à désigner à l’autorité cinq ou six professeurs, qui la plupart se justifièrent. Il fallut sortir de l’enseignement même, et avoir recours aux livres écrits par les professeurs. Dix ou douze écrivains furent incriminés ; et parmi ceux-là la moitié au moins étaient tellement obscurs que les universitaires eux-mêmes ne les connaissaient pas. On chercha dans ces livres des bouts de phrase, des mots hasardés, on en tira des conclusions vraiment extraordinaires, et quand on eut, par ce moyen, une preuve telle quelle que dix ou douze universitaires avaient écrit des livres suspects, on en conclut que l’Université