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Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/390

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religion catholique, avant et après la Révolution, on ne trouvera certes pas de nos jours plus de libertinage et plus d’impiété, mais on trouvera une indifférence plus générale pour les dogmes, un éloignement plus marqué de la participation aux sacrements et aux offices. Cela même peut se constater dans de plus petites périodes, et l’on n’a qu’à comparer, par exemple, la Restauration avec le gouvernement de Juillet.

C’est à ce progrès constant et manifeste de l’indifférence en matière de religion positive, que le clergé voulait s’opposer, comme c’était son droit et son devoir. Il comptait pour cela sur l’éducation, plus que sur toute autre ressource, et il faut avouer qu’il n’avait pas tort. Il demandait la liberté d’enseignement, ce qui était juste, et il comptait en profiter plus que tous les autres, ce qui était habile. Mais il égarait les esprits en prétendant que l’éducation des collèges universitaires n’était pas religieuse. Elle l’était dans une bonne, dans une juste mesure. Elle ne l’était pas moins après 1830 qu’elle ne l’avait été sous l’Empire quand un évêque et deux grands vicaires siégeaient dans le conseil impérial de l’Université. Elle était, selon l’expression de M. Guizot à la Chambre des pairs, religieuse et laïque. On voulait la rendre monacale. Voilà le secret de la lutte, en voilà le dernier mot. Nous verrons tout à l’heure ce que signifie cette sabstitution de l’éducation monacale à l’éducation laïque, et à quelles vues d’ensemble elle se rattache.

L’éducation laïque des collèges mettait l’aumônier en rapports intimes et constants avec les enfants ; elle permettait, sans aucune restriction, sans aucune entrave, l’enseignement du dogme ; elle ne tolérait aucun enseignement contraire. Que voulait-on de plus ? On voulait des pratiques minutieuses, qui obtinssent par l’habitude une influence que la persuasion ne donnait pas. On voulait un enseignement philosophique et historique qui rendit la crédulité facile en faussant les principes de la critique