Aller au contenu

Page:Jules Simon - La liberte de conscience, 1872.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sion de son droit et de sa force. Est-ce le moment de respirer ? L’intolérance est-elle vaincue à jamais ? Ne le croyez pas ! Les conquêtes de la Révolution subsistent encore peut-être sur le champ de bataille révolutionnaire : mais tout alentour, l’intolérance se relève, le fanatisme reprend des forces ; la guerre à la liberté, à la pensée, à la raison se continue. Ce royaume est fondé sur l’Église catholique ? il fait une loi pour opprimer ceux qui ne peuvent humilier leur pensée devant l’infaillibilité du pape. Cet autre s’est établi sur la doctrine de Luther ? il oblige tous les esprits, par sa constitution, à subir l’autorité de Luther. Les villes d’Allemagne se partagent entre des milliers de sectes, et chacune, dès qu’elle est installée sur une surface de quelque centaine de lieues, se met à proscrire les autres. En Suisse, les cantons catholiques, Schwytz, Uri, Underwald, refusent aux protestants le droit de propriété immobilière. Il n’est pas permis d’être protestant en Espagne ; il en coûte d’être catholique en Suède et en Pologne ; un juif, à Rome, en Bohême, en Bavière, est traité comme un esclave. Voilà la liberté du dix-neuvième siècle.

Qu’en présence de cette longue oppression de la raison et de la justice, toutes les religions, toutes les philosophies fournissent des défenseurs à la vraie doctrine sociale, qui est la doctrine de la liberté.

il n’y a que la liberté d’agir et de penser qui soit capable de grandes choses ; et elle n’a besoin que de lumières pour se préserver des excès.


FIN.