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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/230

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Que la lumière qui défaille en mes prunelles,
prunelles mortes d’avoir vécu sur ton reflet au puits de mon moi
et clairvoyances déchues d’avoir entrevu les différences
entre ton être et les ambiances,
Que la lumière éclose sous le dais de ta paupière
en son éclat de fleur impersonnelle
plonge l’âme qui dans mes prunelles s’en vient à sa fenêtre
comme en un songe d’un immense désir d’être
et d’un regret de n’être plus.

Que tes lèvres demeurent la saveur habituelle
à mes lèvres sevrées par l’orgueil,
à mes lèvres scellées par l’oubli,
et qu’à celui dont les rêves clos ne s’ouvrent plus à la vie habituelle
il n’est plus qu’un seul fruit,
le dernier à qui ses enfances encore firent accueil.

Que tes joues sont l’étendue possible de la plaine où se jouent
les voluptés des doigts tactiles,
Que tes joues sont l’étoffe exquise et la chair en délices
où s’émeuvent les gazes de mes lèvres
que les fièvres
qui seules peuvent émouvoir ce corps aux ressorts trop appelés