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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/58

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THÈME ET VARIATIONS

Dans la haute chambre, sous les plafonds qu’enfumèrent les lourds lampadaires de cuivre, dans la haute chambre, hermétique du pli droit et métallique des lourds rideaux.

La fumée dévale, gyre, se tord en ellipses, se strie et s’enfuit ; au minuit répercuté de timbres de cuivre, les rêves flottent lourds aux flocons de la fumée.

Une nuit dans la mémoire jonchée des morts de tentaculaires systèmes, et des humus d’anciennes, identiques, ravivées souffrances ; et sont écroulées les futiles pagodes en hâte construites des souvenirs ; démâtées les barques au long des fleuves innavigables des vingt ans.

Des ruines qui s’en vont, pente implacable vers le gouffre. Sourd la mémoire des légendes, et ce qui fut l’orchestrale buée se précise et motif arrivé à l’instant de vivre, clame.