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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/104

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chou-Marou en petits groupes, à chacun desquels un officier japonais servait de guide, leur donnant ainsi l’apparence des touristes dont l’agence Cook inonde les bords du Nil et les musées italiens. Tous, d’ailleurs, n’ont pas fait preuve du tact le plus élémentaire en conversant avec les pauvres gens dont l’amour-propre souffrait de leur seule présence. L’un d’eux ne leur a-t-il pas demandé, avec une délicatesse toute germanique, comment il se faisait qu’ils étaient toujours battus ?

Il n’y a pas d’hôtel européen à Dogo et on nous y traita de nouveau à la mode japonaise. Je ne sais si j’étais encore sous la fâcheuse impression éprouvée dans la matinée, mais ce fut pour moi un long désenchantement. Le saké était fade, le poisson cru ne passait pas, les baguettes rebelles échappaient à mes doigts ; même les jolies petites guéchas, qui m’avaient tant plu deux jours auparavant, me parurent affectées et disgracieuses. Je quittai les convives de bonne heure pour rentrer à bord, de mauvaise humeur et mécontent de ma journée.


22 juin, en rade de Sassebo.

L’escadre de Vladivostok avait été signalée par le travers de Hakodaté, faisant voile vers le nord.