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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/117

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contreforts des collines lointaines, nous traversons de grandes plaines, limitées à l’horizon par de véritables montagnes. Les rochers mis ont remplacé les pins verts ; l’air sec n’est plus chargé d’humidité fatigante, le ciel paraît plus haut et la chaleur plus légère. On sent enfin l’espace autour de soi, comme si on était transporté soudain sur une planète d’un plus petit diamètre.

Le pont de la Rivière Salée traversé, le train nous dépose à la porte de l’Ouest. Le soleil est couché, et, dans le crépuscule, les kouroumas paraissent glisser à travers une population de fantômes. Les Coréens, généralement vêtus de blanc, sont plus blancs encore que de coutume. Ils ont remplacé, en effet, leurs chapeaux de crin noir par des couvre-chefs couleur d’ivoire, pour célébrer le deuil de madame Om, une des compagnes de Sa Majesté Coréenne.


Séoul, 26 juin.

C’est en face du palais où trépassa l’impératrice que se trouve l’hôtel européen. J’y dormis cette nuit-là ou plutôt une partie de cette nuit-là, car, un peu avant le jour, je fus réveillé en sursaut par des appels de clairon. La grande place, sous ma fenêtre, était noire de soldats, les sonneries et les comman-