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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/131

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largement, et, trop timide pour nous regarder, s’absorbe dans la contemplation des cartes de visite que notre guide lui a remises. Son fils présente une bien piteuse apparence, malgré sa haute taille ; sa physionomie reproduit le type traditionnel du crétin des Alpes. Ses longues incisives grignotent une gousse d’ail, tandis que, d’un geste maladif de la main gauche, il indique à quel point notre présence le fatigue. Tel est le futur champion national, chargé de défendre son pays contre l’envahissement japonais. Pauvre Corée !

L’audience, trop longue au gré de l’héritier présomptif, ne dura pourtant que quelques minutes. Elle consista pour chacun de nous à marcher droit à l’estrade, s’incliner deux fois devant les princes, faire demi-tour et se retirer.

Il nous restait, avant notre départ, à subir une dernière réception. Le chargé d’affaires du Mikado nous conviait à visiter ses jardins, situés au delà du quartier japonais, au sommet d’une colline escarpée. Il faut une véritable ascension pour y parvenir, mais le large panorama qui se déroule aux yeux du visiteur le dédommage de ses peines. Le maître du lieu nous détaillait avec complaisance les monuments de la ville étendue à nos pieds, comme s’il s’agissait d’un fief lui appartenant déjà.

Un séjour de quarante-huit heures à Séoul avait