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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/135

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que s’était produit. À Séoul, nos guides avaient voulu continuer les promenades Cook afin de nous faire apprécier les bienfaits de l’occupation japonaise. Mais la plupart des passagers européens avaient trouvé une hospitalité plus agréable chez leurs compatriotes de la ville et s’étaient vus obligés de décliner une partie des invitations de la colonie nipponne. On ne nous pardonna pas ce prétendu manque d’égards, et depuis lors les jaunes ne cherchèrent plus à dissimuler leur antipathie pour les blancs. Ils paraissaient pour la forme aux repas et s’enfuyaient aussitôt que possible au fumoir où on leur apportait des mets de leur pays. À table, les députés et les journalistes japonais affectaient d’ignorer la présence de leurs voisins européens ; nos boys de cabine eux-mêmes ne faisaient plus leur service qu’en rechignant. La présence d’un agent de la police secrète de Tokio, qu’on avait jugé bon d’embarquer avec nous et qui épiait nos moindres paroles, acheva de rendre l’existence intolérable.

Les officiers du bord, au lieu de se montrer conciliants, nous faisaient sentir leur autorité par les procédés les plus mesquins. Les nouvelles reçues par le télégraphe sans fil n’étaient plus affichées qu’en caractères chinois. On avait supprimé la traduction anglaise — et on arrachait les placards dès que le seul d’entre nous qui pût lire ces hiéroglyphes