Aller au contenu

Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment d’avoir abrégé ma croisière sur le yacht japonais. Le capitaine nous avait cédé sa cabine et le salon où nous prenions nos repas avec lui. Nous étions les seuls passagers à bord et restions pendant toute la journée sur la passerelle avec l’officier de quart. La mer était unie comme une glace et le temps radieux.

Après un court arrêt à Tchémoulpo, on reprit la route sur Fousan, où nous devions faire escale avant de traverser la mer du Japon. Notre navire s’engagea bientôt dans l’archipel de Corée, dédale d’îles et de rochers aux formes bizarres, escarpés et verdoyants, possédant à la fois plus de charme et de grandeur que les paysages les plus réputés de la Mer Intérieure. Il est pourtant inconnu des touristes à cause de son éloignement et des nombreux courants qui rendent la navigation difficile, quelquefois même dangereuse.

Le lendemain, je fus réveillé en sursaut par le capitaine, qui me tirait férocement par le bras.

— Venez vite là-haut, une escadre de six navires arrive sur nous.

Sur la passerelle, nous trouvâmes l’officier de quart plongé dans l’annuaire naval de Brassey, où sont reproduits les profils de tous les bâtiments de guerre contemporains. Il nous fut facile de reconnaître que les navires en vue étaient japonais ; bien-